En rémission d’un cancer du sein* diagnostiqué en 2017, Rachida Souames savoure plus intensément la vie qu’avant sa maladie et rêve désormais de voyages en voilier.
Sa passion pour la voile a débuté lors de la découverte d’un simple flyer déposé dans la salle d’attente du Centre du sein des HUG, alors qu’elle avait rendez-vous pour un contrôle. « Des cours de voile pour les femmes qui traversent un cancer du sein ? Pour moi qui adore l’eau, car j’ai grandi au bord de la mer à Casablanca, c’était tentant, alors je me suis inscrite. Ça a été une découverte extraordinaire. Vivre cette aventure avec des femmes qui sont passées par les mêmes épreuves que moi m’a beaucoup touchée », raconte Rachida Souames. Ces stages de voile sont proposés chaque année à Genève et à Lausanne par l’association r’Ose Léman. Rachida Souames y joue désormais le rôle de marraine pour accueillir les nouvelles arrivantes. Dans ce cadre, elle participera à un voyage d’une semaine en Méditerranée l’été prochain. « Je n’aurais jamais rêvé vivre cela avant ma maladie », confie-t-elle.
Rachida Souames est une battante. Mais elle n’a pas toujours eu la vie facile. Le diagnostic de cancer du sein n’a représenté qu’une épreuve de plus pour cette mère de trois enfants, aujourd’hui adultes, qui avait auparavant vécu un divorce douloureux. « J’ai connu des épisodes de dépression et de chômage », raconte celle qui travaille désormais comme assistante dentaire à la Croix-Rouge genevoise après avoir obtenu son CFC à l’âge de 52 ans.
Une mammographie de routine
Trois ans plus tard, en 2017, elle effectue une mammographie de routine qui révèle une tache suspecte sur l’un de ses seins. « Quand j’ai vu que la gynécologue était accompagnée d’une infirmière pour me transmettre les résultats, j’ai eu un mauvais pressentiment. Mais lorsqu’elles m’ont annoncé le diagnostic, j’ai posé mes poings sur la table et j’ai simplement demandé : « Alors, quelle est la prochaine étape docteur ? » Je n’ai même pas pleuré. Ma première pensée a été de préserver mes enfants, à qui j’ai tardé à annoncer la nouvelle. » S’ensuivent une opération, puis trois mois de radiothérapie.
L’étape la plus pénible pour Rachida Souames se révélera être l’hormonothérapie, un traitement de plusieurs années qui diminue le risque de récidive. « J’étais épuisée. Faire les courses au supermarché représentait un marathon. J’ai aussi pris du poids. C’était dur pour le moral. » Il y a quelques mois, son oncologue lui a proposé un autre type d’hormonothérapie qui cible uniquement les seins et les effets secondaires se sont estompés. « Je travaille désormais à 70 % et je savoure chaque instant que la vie m’offre en bonne santé. Même le plus banal, comme m’installer sur le canapé pour regarder un bon film avec mes enfants. Le cancer m’a permis de ne plus voir la vie de la même façon, je me focalise sur l’essentiel sans me prendre la tête. »
Une prise en charge humaine
Lors de son suivi aux HUG, Rachida Souames s’est dite impressionnée par la rapidité de la prise en charge. « Je n’ai jamais dû attendre et les soignants sont très humains. Ils avaient toujours un mot pour me motiver. » Alors qu’elle est en traitement jusqu’en 2023 et que ses deux seins ont été préservés, elle s’estime privilégiée. Si elle a un message à faire passer aux autres femmes, c’est d’effectuer régulièrement des mammographies de dépistage. « Cela faisait cinq ans que je n’en avais pas faite lorsqu’on a découvert ma tumeur. Elle mesurait déjà quatre centimètres. Heureusement, je n’avais pas encore de métastases. On peut dire que j’ai eu de la chance dans ma malchance. »
*Cancer du sein : principale cause de mortalité féminine entre 40 et 50 ans, le cancer du sein provoque 1’400 décès par an en Suisse. Pour le dépister, des mammographies sont recommandées dès l’âge de 50 ans. Elles permettent de détecter des tumeurs de très petite taille, ce qui augmente les chances de guérison. Grâce au dépistage et aux progrès des traitements, la mortalité par cancer du sein a régulièrement baissé en Suisse depuis dix ans.
Texte:
- Geneviève Ruiz
Photos:
- Nicolas Schopfer