Les outils numériques peuvent être un atout thérapeutique, à condition d’être intégrés de façon encadrée. C’est le cas d’une nouvelle table tactile interactive, utilisée par les ergothérapeutes de l’Hôpital des enfants. Une première en Suisse.
Un mètre de large, inclinable et réglable en hauteur, l’écran tactile REAtouch® est unique en son genre. Depuis quelques mois, ce dispositif interactif de rééducation bimanuelle (des deux mains) s’ajoute à la vaste palette de méthodes de rééducation destinées aux jeunes patientes et patients suivis à l’Hôpital des enfants.
Conçus pour les enfants souffrant de paralysie cérébrale, tous les jeux proposés sont programmés pour développer les fonctions des deux mains et offrent une combinaison infinie d’activités : toucher rapidement une marmotte au moment où elle sort sa tête, jeux de dînette, d’assemblage, simulation d’escalade, etc. « La table est réglable et inclinable à l’horizontale ou à la verticale pour répondre aux besoins spécifiques de rééducation et s’adapter aux capacités de chacun et chacune », explique Sophie Louis, ergothérapeute au Service de neurorééducation du Département des neurosciences cliniques.
Un outil de plus
Sans remplacer les autres moyens thérapeutiques de l’équipe soignante, l’écran tactile vient s’intégrer au choix d’outils disponibles. L’un de ses principaux intérêts : la grande motivation qu’elle suscite chez les enfants, pour la plupart très attirés par les supports digitaux. « Certains d’entre eux refusaient d’utiliser la main hémiplégique lors de la rééducation traditionnelle mais le font là sans s’en rendre compte. Ce ne sont pas les thérapeutes ou les parents qui demandent, mais la machine, et le rapport est donc totalement différent », constate Sophie Louis.
Cette alternative semble particulièrement efficace dans la sollicitation des capacités motrices chez les enfants atteints de paralysie cérébrale. Mais elle l’est aussi, par extension, chez tous ceux et celles qui nécessitent des activités de rééducation manuelle, comme après une chirurgie de la main ou du membre supérieur.
Mettre un cadre
Pas question pour autant de rendre la table tactile systématique. Les problématiques de consommation d’écrans chez les enfants sont aujourd’hui bien connues et la modération est de rigueur. Dès l’installation du dispositif, l’équipe d’ergothérapeutes a donc mis en place un cadre strict. Les jeunes n’ont accès à l’écran que lors d’une seule de leurs deux séances hebdomadaires. « Nous souhaitions qu’ils et elles continuent à s’investir dans les autres activités, car si les jeunes apprécient beaucoup REAtouch®, ils et elles sont aussi demandeurs de jeux classiques. Nous arrivons donc facilement à jongler, au cours d’une même séance parfois, entre ces différents outils », explique l’ergothérapeute.
L’équipe tient également à suivre les recommandations en vigueur vis-à-vis de la consommation d’écrans chez les enfants en ne proposant pas la table interactive avant l’âge de 4 ans. « Le type de jeu ou le temps passé sur le dispositif varient aussi selon le niveau de développement global de l’enfant », conclut Sophie Louis.
Une première en Suisse
Financée par la Fondation privée des HUG, qui soutient les projets en faveur de la qualité des soins et de la connaissance médicale, la table tactile REAtouch® a rejoint l’Hôpital des enfants en septembre 2021. Le Service de neurorééducation devient ainsi le premier en Suisse à bénéficier d’un tel dispositif interactif de rééducation intensive bimanuelle.
1000
La table tactile REAtouch® génère 1 000 mouvements et 15 à 20 fois plus d’activités qu’une thérapie classique par séance.
Texte:
- Clémentine Fitaire
Photos:
- Julien Gregorio