Selon le type de cancer du sang et leur âge, 30 à 95% des patients survivent à leur maladie.
Love story ne ferait plus pleurer en 2016. L’étudiante fauchée par une leucémie aiguë en 1970 aurait aujourd’hui de bonnes chances de s’en sortir. « C’est vrai. Les progrès ont été spectaculaires. J’ai vécu une fantastique révolution médicale », s’enthousiasme le Pr Yves Chalandon, médecin-chef a.i. du service d’hématologie. Longtemps incurables, les leucémies affichent aujourd’hui un taux de survie qui varie de 30 à 95% en fonction du type de la maladie et de l’âge des patients. Ce qui a changé ? Presque tout. Les chimiothérapies sont mieux maîtrisées. Les greffes sont possibles pour davantage de patients. Et il existe des médicaments de nouvelle génération qui agissent directement sur la cause du cancer et l’empêchent de se développer.
Cas d’école
Le traitement de la leucémie myéloïde chronique (LMC), l’une des quatre grandes familles de ce cancer, est l’illustration parfaite de ce bond thérapeutique. « On a d’abord trouvé le gène responsable de la prolifération anarchique de globules blancs – le symptôme par excellence de la leucémie. Puis, la molécule capable d’inhiber ce gène. Résultat: 85% des patients atteints de LMC survivent à long terme et approchent la survie de la population globale du même âge », se félicite le Pr Chalandon.
Une seconde révolution majeure a eu lieu dans le traitement de la leucémie myéloïde aiguë promyélocytaire. Celleci est désormais traitée sans agent chimiothérapeutique à l’aide de dérivés de vitamine A en association avec des petites doses d’arsenic. Là aussi, les résultats sont spectaculaires : 95% à 5 ans.
Pour les autres genres de leucémies aigues, les traitements sont encore la chimiothérapie et la greffe de moelle en provenance d’un donneur génétiquement compatible (allogreffe). Mais là aussi les progrès sont importants. « Nous comprenons mieux ces cancers. Les traitements sont mieux différenciés et dépendent à la fois du patient et du type de leucémie », précise l’oncohématologue.
Hausse des greffes
Les leucémies, aiguës ou chroniques, se classent en myéloïdes, lymphoïdes ou lymphoblastiques. Cette dernière est la forme la plus fréquente chez les enfants. Elle est soignée très efficacement par chimiothérapie. Puisque 95% des petits malades survivent grâce à ce traitement. Chez l’adulte, c’est la leucémie myéloïde aiguë qui se rencontre le plus souvent (environ deux tiers des cas).
C’est aussi la forme la plus indiquée pour une greffe de moelle. Depuis 2012, les HUG, seul hôpital romand à pratiquer ce traitement, ont quasi doublé le nombre de greffes. « Nous en réalisons quelque 70 par an contre seulement 40 il y a à peine quatre ans », relève le Pr Chalandon.
Une hausse qui s’explique par plusieurs facteurs. D’abord, l’âge limite pour une transplantation peut aller jusqu’à 75 ans (dans le cadre d’études), contre 45, en 1990. Ensuite, cette greffe est désormais indiquée pour d’autres maladies réfractaires aux chimiothérapies. Enfin, une compatibilité génétique de 50% est aujourd’hui suffisante. En clair, le père, la mère ou l’enfant d’un patient peut toujours être un donneur de moelle, tandis qu’un frère ou une sœur a encore trois chances sur quatre de l’être.
Si les progrès ont été importants, il reste du chemin à parcourir. « Mais je suis confiant. Dans quelques années, les thérapies seront encore mieux ciblées et donc toujours moins toxiques », estime le Pr Yves Chalandon.
Les chambres rénovées offrent davantage de confort et de sécurité.
Chambres rénovées
A l’unité d’hématologie oncologique et de transplantation de moelle, les yeux des soignants brillent. Fin 2014, toutes les chambres ont été refaites. Principales améliorations: une filtration de l’air très performante appelée « flux laminaire », des salles de bain avec toilettes dans chaque chambre et un environnement convivial pour les patients. « Ceci est très important pour des patients hospitalisés en moyenne six semaines, mais souvent plusieurs mois, et qui ne peuvent pas quitter leur chambre », souligne Murielle Tarpin-Lyonnet, l’infirmière responsable d’unité.
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Texte:
- André Koller
Photos:
- Pulsations