Capable de s’intégrer à chaque étape du parcours de soins, l’hypnose est devenue une précieuse alliée du Service d’anesthésiologie et de la médecine périopératoire.
De plus en plus de médecins anesthésistes notamment ont suivi la formation leur conférant le titre d’hypnothérapeute, grâce au soutien de la Fondation privée des HUG. «Le recours à l’hypnose peut être envisagé dès la consultation d’anesthésie. Qu’il s’agisse d’apaiser des peurs, de surmonter des phobies ou de revenir sur une expérience de soins passée douloureuse, quelques séances peuvent contribuer à apporter sérénité et confiance. Le jour de l’intervention, l’hypnose est proposée en fonction des besoins de la personne, pour apaiser une anxiété soudaine ou accompagner une anesthésie locorégionale, potentiellement longue ou délicate (cela aura alors été soigneusement préparé en amont). En postopératoire, l’hypnose est un outil extrêmement efficace pour la prise en charge des douleurs», détaille la Dre Nour Elhouda Abidi, médecin adjointe au Service d’anesthésiologie et responsable de l’hypnose au Département de médecine aiguë.
Aux personnes curieuses, mais persuadées de «ne pas être réceptives» à cette approche, la médecin rappelle : «Nous avons toutes et tous cette capacité naturelle à nous laisser absorber dans un livre, un film ou nos pensées. L’hypnose repose sur cette faculté d’attention focalisée, à laquelle un objectif thérapeutique – comme la gestion de la douleur ou de l’angoisse – est ajouté. L’accompagnement se construit ensuite au cas par cas, au travers des stratégies mobilisant les ressources propres à la personne, la rendant ainsi active dans sa prise en charge.
Outil à la fois simple et puissant, l’hypnose transforme le vécu des soins, et va même bien au-delà. Les études montrent qu’elle réduit le recours aux médicaments antidouleur et aux anxiolytiques, ainsi que les effets secondaires des traitements, comme les nausées et les vomissements. En postopératoire, elle est associée à une diminution de la douleur perçue, une amélioration de la récupération, parfois un retour plus rapide à domicile. L’hypnose trouve également toute sa place en pédiatrie où elle facilite la réalisation de soins anxiogènes, tout en aidant les enfants et leurs parents à mieux vivre l’hospitalisation et les traitements.»
Témoignage Roxanne, 37 ans
« J’ai réalisé que j’avais un rôle à jouer pour cette anesthésie »
«Il y a quelques années, j’ai subi une intervention qui s’est mal passée. Il s’agissait de la pose d’un port a cath (dispositif inséré sous la peau pour administrer des traitements comme la chimiothérapie, ndlr) sous anesthésie locale. J’ai été envahie par le stress et la douleur. J’avais donc beaucoup d’appréhensions lorsqu’il a fallu, plus récemment, envisager une intervention chirurgicale sous anesthésie générale. Je craignais de perdre tout contrôle et toute visibilité sur le déroulement de la procédure, et finalement d’être totalement démunie le moment venu. Alors j’ai décidé de prendre les choses en main en consultant une anesthésiste des HUG spécialisée en hypnose. Les séances m’ont permis de mieux comprendre l’anesthésie et de m’y préparer. J’ai réalisé que j’avais un rôle à jouer en l’abordant non pas comme un abandon de moi-même, mais comme ma part du “travail”. Cela a très bien fonctionné. Quand de nouvelles interventions sont nécessaires, je garde cet état d’esprit en tête. Et cela m’a également motivée à devenir patiente partenaire des HUG, pour des projets de recherche liés par exemple aux modalités de pose de port à cath.»
Dossier Anesthésie : Les coulisses de l'exploit
Texte:
- Laetitia Grimaldi
Photos:
- Bogsch & Bacco