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Un foie pour deux

Grâce à la technique du split, le greffon de foie peut servir à deux transplantations : un enfant et un adulte.

En 1988 a démarré le programme de transplantation de foie chez l’adulte. L’année suivante, celui chez l’enfant. Depuis lors, les HUG ont mis sur pied un programme commun, avec une liste d’attente mixte de patients adultes et enfants, et une seule équipe chirurgicale et multidisciplinaire. Unique en Suisse et synonyme de force. «Nous sommes un petit groupe de personnes qui travaille dans une éthique de collaboration et non de territoire», relève le Pr Pietro Majno, médecin adjoint agrégé au service de transplantation.

Chaque année, une trentaine d’adultes et entre cinq et dix enfants sont transplantés, avec des résultats (93% de survie à un an) largement supérieurs à la moyenne européenne. Seul centre de Suisse à pratiquer des greffes hépatiques sur des enfants, les HUG ont de plus une expérience unique dans deux domaines : le split (foie partagé) et la transplantation à partir de donneurs vivants.

Découpe méticuleuse

Réalisée pour la première fois en 1992, la greffe de foie partagé est une solution technique au manque d’organes. Concrètement, le donneur est un adulte en mort cérébrale, dont le greffon sert à deux transplantations: un enfant reçoit le lobe gauche, nettement plus petit, et un adulte le reste. «C’est une opération techniquement très complexe qui a souvent lieu dans un environnement qu’on ne connaît pas (ndlr: le chirurgien prélève dans n’importe quel hôpital où un donneur en mort cérébrale est proposé), à toute heure du jour ou de la nuit. Il s’agit de dé-couper de façon méticuleuse la voie biliaire, la veine porte, l’artère hépatique et les autres petits vaisseaux et tissus fragiles», précise le Pr Majno. Avant d’ajouter : «Aujourd’hui, on ne doit plus choisir entre la vie d’un adulte et celle d’un enfant. Le greffon qui sauve la vie d’un enfant ne prétérite plus celle d’un adulte.»

La transplantation hépatique est aussi réalisée à partir d’un donneur vivant (seulement à Genève et Zurich) : une partie du foie d’une personne en bonne santé, un membre de la famille ou un proche, est retirée et utilisée comme greffon pour un enfant ou un adulte receveur. La partie qui reste chez le donneur et celle greffée se régénère jusqu’à atteindre le volume d’un foie entier dans les trois semaines qui suivent. Depuis 1999, date de la première, il y a eu 32 donneurs vivants aux HUG, avec des taux de survie supérieurs à la moyenne européenne. «Nous réservons cette solution à des cas très particuliers où il y a une forte détérioration de la qualité de vie et un danger de mourir, car cette opération comporte un risque, quoique faible, pour le donneur», relève le Pr Majno. Et de conclure: «Malgré le recours à ces techniques raffinées, pour éviter les décès d’adultes en liste d’attente, il faut surtout continuer les efforts pour encourager le don d’organes.»

32

donneurs vivants aux HUG depuis 1999

Foie coloré par injection de résine dans les vaisseaux. En cas de split, la partie droite (en vert) est greffée à un adulte et la gauche, plus petite (en bleu clair), est utilisée comme greffon pour l’enfant.

Centre d’excellence national

Répartition de la médecine hautement spécialisée oblige, le Centre suisse du foie de l’enfant, aux HUG, est la seule structure habilitée au plan national à réaliser des transplantations du foie et des opérations biliaires et hépatiques complexes pédiatriques. A ce titre, il accueille des enfants de toute la Suisse.

«L’excellence n’est pas le fait d’un chirurgien ou d’un médecin, c’est un environnement collaboratif, des équipements et les compétences additionnées d’une équipe multidisciplinaire», souligne la Pre Barbara Wildhaber, médecin cheffe du service de chirurgie pédiatrique, spécialisée dans la chirurgie hépatobiliaire et la transplantation de foie chez l’enfant. Le centre poursuit aujourd’hui son développement en accueillant toujours davantage de petits patients pour des maladies du foie ne relevant pas de la chirurgie.

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