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  • Geneviève Ruiz

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À la pointe de la lutte contre le cancer du poumon

Les traitements de cette maladie ont connu des progrès importants ces dernières années. De plus en plus complexes, ils nécessitent une prise en charge multidisciplinaire. Un nouveau centre a été créé aux HUG pour intégrer ces évolutions.

Le cancer du poumon représente la première cause de décès par cancer en Suisse. «Au moment du diagnostic, il n’y a malheureusement que 20% des cas qui se trouvent à un stade curable, explique la Pre Paola Gasche, médecin-cheffe du Service de pneumologie. Il s’agit d’un cancer "compliqué". Il existe plusieurs types, stades et expressions cliniques selon la localisation. Les progrès remarquables réalisés ces dernières années permettent néanmoins de garder espoir.»

Le patient au centre

L’une des évolutions les plus marquantes concerne la prise en charge multidisciplinaire. Elle est basée sur une organisation qui réunit les équipes non pas autour de leurs spécialités médicales respectives, mais autour du patient et de sa maladie. A cela il faut ajouter des avancées technologiques importantes qui ont favorisé de nouvelles approches diagnostiques. Citons par exemple la bronchoscopie interventionnelle, un examen qui, en donnant à voir l’intérieur de l’arbre bronchique, permet de poser un diagnostic de manière rapide et peu invasive pour la très grande majorité des lésions.

«Du côté des traitements, on peut parler de révolution, se réjouit la Pre Paola Gasche. Notamment avec les thérapies dites ciblées, basées sur l’administration de principes actifs capables de détruire spécifiquement les cellules cancéreuses et non pas toutes les cellules à croissance rapide du corps, comme le font les chimiothérapies. L’immunothérapie constitue également une approche prometteuse. Elle ne repose pas sur la destruction directe de la tumeur, mais sur la stimulation des défenses naturelles de l’organisme pour se débarrasser des cellules tumorales.» Les chances de survie à cinq ans des patients atteints d’un cancer pulmonaire métastasé répondant à l’immunothérapie sont estimées à 20%, alors qu’elles sont nulles avec un traitement conventionnel. «Ce n’est pas encore suffisant, estime la spécialiste. Mais cela représente déjà un pas vers le mieux.»

Du diagnostic au traitement en 72 heures

Un nouveau centre du cancer du poumon est inauguré début 2019 aux HUG. Son objectif est d’offrir à chaque patient des soins conformes aux recommandations internationales, avec un suivi personnalisé ainsi que des délais restreints de prise en charge. «Sa création s’inscrit dans l’évolution d’un programme de soins pour le cancer des poumons qui existe aux HUG depuis 2012, indique la Pre Paola Gasche. Nous avions alors ressenti le besoin de réunir tous les spécialistes concernés par le cancer du poumon autour d’une même table pour discuter ensemble des dossiers cliniques.»

Avant l’existence de ce programme, un patient était référé à un seul spécialiste, qui organisait une première série d’examens. Selon les résultats obtenus, il était ensuite adressé à un ou plusieurs autres spécialistes. «Il pouvait se passer de nombreux jours avant que l’on ne parvienne à un diagnostic et surtout à une proposition de traitement, souligne Paola Gasche. Suite à notre travail, tous les délais ont été réduits au strict minimum. Pour certains cas, on parvient à passer du premier contact avec un patient sans diagnostic, au diagnostic et à la mise en route du traitement en moins de 72 heures. C’est évidemment idéal pour une maladie aussi angoissante, car cela permet de répondre rapidement à toutes les demandes du patient.»

Un cancer en forte progression chez les femmes

Un cancer en forte progression chez les femmesLe cancer du poumon touche davantage les hommes que les femmes. Mais selon l’Organisation mondiale de la santé, la mortalité liée à cette maladie a chuté pour les hommes depuis les années 1980, alors qu’elle a subi une forte augmentation chez les femmes depuis ces mêmes années. Cette différence entre les deux sexes est liée au changement des habitudes tabagiques, depuis quelques dizaines d’années: les femmes se sont mises à fumer progressivement à partir des années 1960, alors que l’épidémie du tabagisme avait commencé bien avant chez les hommes. Dans 80% des cas, le cancer du poumon est dû au tabac. Mais il existe désormais d’autres facteurs de risque, dont certains concernent plus spécifiquement les femmes. Ainsi, 80% des femmes asiatiques qui développent ce cancer n’ont par exemple jamais fumé, mais ont été exposées à des fumées domestiques.
Photo : Alamy Stock Photo

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