Après quatre ans de travaux de grande envergure, les HUG ont inauguré leurs nouvelles urgences pour répondre aux besoins de soins croissants de la population genevoise. Cette infrastructure, ultramoderne, spacieuse et lumineuse, se dote d’une organisation des soins repensée afin de rendre la prise en charge encore plus performante. Plongée au cœur d’un dispositif actif 24 heures sur 24, capable de répondre à toutes les situations, des plus simples aux plus complexes.
Les visites aux urgences sont de celles dont on préférerait se passer. Mais il n’y a pas toujours le choix. Une douleur thoracique, un malaise, un accident de la circulation, une chute, une réaction allergique, une infection, des symptômes qui s’aggravent, des douleurs trop intenses, une angoisse profonde qui ne peut plus être contenue, etc. peuvent nécessiter des soins rapides ou urgents.
Après quatre ans de travaux, les urgences adultes ont fait peau neuve pour faire face à une hausse constante de la fréquentation. L’infrastructure aussi bien que l’organisation des soins ont été repensées, comme l’explique le Pr François Sarasin, ancien médecin-chef du Service des urgences, qui a suivi cette vaste transformation : «Le service a été redimensionné pour répondre à l’augmentation de la demande de soins. Il a été réorganisé pour offrir de meilleures conditions d’accueil aux patients et patientes et aux personnes qui les accompagnent, mais aussi de travail pour les collaborateurs et collaboratrices.»
Plus de confidentialité
Aujourd’hui, une surface de 3900 m2 – soit un tiers de plus qu’avant – est dédiée aux urgences aiguës, ambulatoires et psychiatriques (lire l'article Consulter pour une urgence psychiatrique), incluant six salles pour les urgences vitales (lire l'article Inédit : l’Unité de déchocage), un plateau d’imagerie complet, une salle des plâtres et un espace de dépôt pour les ambulances. «Il y a une seule porte d’entrée. Tout est centralisé dans un même lieu», souligne le Pr Thibaut Desmettre, le nouveau chef du service pour la partie aiguë. Que la personne arrive sur ses deux pieds ou allongée sur un brancard, elle est tout de suite accueillie par un ou une infirmière, puis installée dans un box de consultation individuel. Jusqu’à présent, le premier entretien avait lieu dans un espace ouvert. Désormais, c’est dans un box confidentiel, à l’abri des regards, que la personne peut expliquer le motif de sa visite. Là, un ou une infirmière procède à l’anamnèse (interrogatoire), prend les paramètres vitaux (pression artérielle, fréquence cardiaque et respiratoire, température corporelle, taux de glycémie, etc.) et évalue le degré de gravité de la situation.
Pr Thibaut DESMETTRE, médecin-chef du Service des urgences
Prioriser
«Cette évaluation sert à déterminer l’ordre de prise en charge et à orienter la personne vers le secteur de soin le plus approprié», explique Sébastien Sangan, infirmier responsable d’équipe. En fonction du degré d’urgence, estimé à l’appui de l’échelle suisse de tri (lire Quels sont les degrés d'urgence?), la personne est dirigée dans l’une des unités du service : déchocage (urgences vitales), urgences polyvalentes (cas lourds et urgents représentant la majorité des consultations), ambulatoires (cas moins lourds) ou psychiatriques. «Une même pathologie sera prise en charge dans une unité ou une autre, selon les signes de gravité associés», explique le Dr Yoann Magnien, responsable de l’Unité des urgences polyvalentes.
Sébastien SANGAN, infirmier responsable d’équipe
«Les urgences vitales, potentielles ou avérées, par exemple une détresse respiratoire, un accident vasculaire cérébral ou un traumatisme sévère, sont prises sans délai, même en cas d’engorgement», précise le Pr Sarasin. Les autres situations sont gérées de manière à absorber le flux continu des patients et patientes.
Moins d’angoisse
Autre nouveauté, la prise en charge se fait par une équipe médico-soignante pour une meilleure coordination dès l’admission dans l’Unité des urgences polyvalentes. «Le ou la patiente est vue par un binôme, un ou une infirmière et un ou une médecin dans un box individuel, qui décident et établissent un plan de soins. Cette nouvelle méthode de travail permet de réduire le délai avant les premiers soins», poursuit le Dr Magnien. De premiers gestes médicaux (antalgie, par exemple) et examens peuvent être prescrits : «Attendre après avoir vu un ou une médecin et reçu une hypothèse diagnostique change la perception de l’attente et diminue l’angoisse», déclare le Pr Sarasin.
À la pointe
«Tout le panel de soins, y compris les plus techniques, peut être prodigué avec, si nécessaire, l’intervention d’autres spécialistes de l’hôpital», souligne le Pr Desmettre. Le service dispose également d’un plateau radiologique de pointe, où sont regroupées l’ensemble des technologies dans un seul espace commun, à proximité des salles de prise en charge. «Nous utilisons les équipements les plus modernes, aussi bien pour la radiologie conventionnelle que pour l’échographie, le CT scanner et l’IRM. Cela nous permet d’être rapides et performants», décrit la Pre Alexandra Platon, responsable de l’Unité de radiologie des urgences.
Ces outils diagnostiques servent à écarter ou confirmer des pathologies aiguës très variées, de l’accident vasculaire cérébral aux polytraumatismes. Cette unité est aussi très sollicitée pour les situations moins graves comme les entorses, luxations et autres petits traumatismes. «Dans plus de la moitié des cas, nous devons recourir au laboratoire, à la radiologie ou à la salle des plâtres», confirme le Dr Hervé Spechbach, responsable de l’Unité des urgences ambulatoires, qui draine près de la moitié des situations qui se présentent aux urgences. La majorité d’entre elles se solde par un retour à domicile. Dans les autres secteurs de soins, une hospitalisation a lieu dans 45 % des cas, tandis que 55 % des consultations donnent lieu à un retour à la maison.
Dr Hervé SPECHBACH, responsable de l’Unité des urgences ambulatoires (UUA)
Quel que soit le niveau de gravité, tout le personnel médico-soignant des urgences adultes, dont les effectifs ont aussi augmenté, s’affaire pour offrir à la population du bassin genevois une prise en charge la plus optimale possible, pour qu’elles et ils puissent reprendre le cours normal de leur vie.
Quels sont les degrés d’urgence ?
L’échelle suisse de tri en distingue quatre :
- Degré 1 - Urgences vitales : AVC, infarctus, détresse respiratoire, etc.
- Degré 2 - Cas urgents : Fractures ouvertes, douleurs thoraciques ou abdominales avec fièvre, idées suicidaires avec ou sans projet, etc.
- Degré 3 - Cas semi-urgents : Douleurs abdominales sans fièvre, etc.
- Degré 4 - Cas non urgents : Syndrome de grippe, plaie superficielle, etc.
Dois-je me rendre aux urgences ?
InfoMED est un outil numérique d’aide à la décision, financé par la Fondation privée des HUG. Il permet d’évaluer soi-même ses symptômes et de déterminer si une consultation aux urgences (adultes, pédiatriques, gynéco-obstétricales ou ophtalmiques) ou le recours au 144 est nécessaire. Il oriente et propose des conseils adaptés selon la situation.
Pour en savoir plus : hug.plus/infomed
Des urgences selon le problème
En plus des urgences adultes pour les personnes dès 16 ans, les HUG offrent plusieurs autres services d’urgences spécialisés :
- Les Urgences gynéco-obstétricales à la Maternité. Elles sont ouvertes 24h/24 et 7j/7 pour tout problème gynécologique (saignements, douleurs pelviennes, infection urinaire, constat d’agression sexuelle, etc.).
- Les Urgences pédiatriques à l’Hôpital des enfants.
- Les Urgences ophtalmiques situées au Service d’ophtalmologie, du lundi au dimanche de 6h30 à 20h. Entre 20h et 6h30, la prise en charge se fait aux urgences adultes.
- Les Urgences ORL situées au Service ORL, du lundi au vendredi, de 8h à 19h.
- Les Urgences Trois-Chêne pour les personnes de 75 ans ou plus, pour toutes les urgences non vitales. Elles sont ouvertes 7 jours sur 7, de 8h à 19h.
CASSANDRA LOISEAU, infirmière spécialisée en soins d’urgence
«J’observe son attitude globale, comment elle marche, respire, si elle s’exprime normalement»
«Lorsqu’une personne arrive aux urgences, mon rôle, en tant qu’infirmière coordinatrice de tri, est de l’accueillir et de lui demander en quoi je peux l’aider. D’un coup d’œil, je l’évalue pour faire un pré-tri afin de constater le degré d’urgence. J’observe son attitude globale, comment elle marche, respire, si elle s’exprime normalement. À l’accueil, nous devons faire face à beaucoup de situations en même temps : l’arrivée des piétons, des proches, des ambulances et des collègues des consultations ambulatoires. Il faut faire preuve de patience et d’empathie, mais aussi d’assurance. Les gens ne comprennent pas toujours les critères de tri, alors nous devons les leur expliquer. Les tensions auxquelles nous sommes exposées peuvent être intenses par moments. Mais c’est un poste que j’apprécie, car nous avons une vision d’ensemble de ce qui se passe, nous faisons appel à nos connaissances cliniques et à notre sens de l’analyse. Nous devons apporter un sentiment de sécurité à toutes les personnes qui passent la porte des urgences.»
6400
le nombre d’urgences vitales (2022)
55 %
des personnes regagnent leur domicile après une visite aux urgences vitales et polyvalentes, et...
92 %
après avoir consulté aux urgences ambulatoires
Dossier Urgences
Texte:
- Elodie Lavigne
Photos:
- David Wagnières