Comment expliquer l’antibiorésistance – cette capacité qu’ont les bactéries à survivre malgré la prise d’antibiotiques – aux enfants de façon ludique et accessible ? En créant une bande dessinée (BD) adaptée à leur âge, tout en parvenant à délivrer un message scientifique clair et juste. C’est du moins le pari qu’a fait la Dre Diem-Lan Vu Cantero, infectiologue au Service du médecin cantonal de Genève : «En 2023, nous avions élaboré un serious game sur cette thématique. Il s’adressait aux jeunes adultes. Cette année, nous voulions toucher les enfants et avons, pour cela, contacté la maison d’édition l’Agora d’Hypathie, connue pour Salomé (bdsalome.com), sa collection de BD de vulgarisation scientifique destinées aux jeunes.» 

Un album coloré et joyeux 

Pour le contenu, la Dre Vu Cantero a fait appel à un comité scientifique composé de deux médecins des HUG (Dre Noémie Wagner, pédiatre et infectiologue et Dr Diego Andrey, infectiologue et chercheur) ainsi que du vétérinaire cantonal, le Dr Michel Rérat. «Dans cette BD, nous avons mis l’accent sur l’aspect microbiologique de l’antibiorésistance, car nous sommes convaincus que les enfants sont curieux de comprendre ce qui se passe au niveau des molécules», poursuit la Dre Vu Cantero.

^{Crédit photo :  DR}

Le résultat est un album très coloré et joyeux qui met en scène les héroïnes et héros du Schnafoul’Club – Aliénor, Noam, Kalie, Victor, Margaux et Éléa –, en visite à la ferme. Au fil des pages se dévoilent des bactéries dangereuses combattant les globules blancs arrivés en force et en nombre, képi vissé sur la tête et talkie-walkie en main ou encore des antibiotiques écrasant sans pitié des bactéries… sans oublier, bien sûr, celles qui deviennent de plus en plus combatives à force d’exercices gonflant leurs biceps et renforçant leur résistance face aux médicaments qui tentent de les anéantir. 

Transmission de résistance

Comme le rappelle la BD, parue le 18 novembre à l’occasion de la Semaine mondiale de la résistance aux antimicrobiens : «Une bactérie ayant développé une résistance à un ou plusieurs antibiotiques peut transmettre cette résistance à une autre bactérie, même si elle n’est pas de la même espèce. Cela ne se fait pas à l’occasion d’un cours de combat comme dans la BD, mais par l’échange de "morceaux" de code génétique.» 

L’album donne aussi des informations sur l’importance du microbiote et des antibiotiques lorsqu’ils sont employés à bon escient, mentionne les bonnes pratiques et explique également ce qu’est un virus. «Nous avons prévu d’offrir cette BD aux enseignants et enseignantes des classes primaires du canton de Genève, ainsi qu’aux professionnelles et professionnels de la santé qui travaillent avec des enfants, comme les dentistes, pédiatres ou encore logopédistes», précise la Dre Vu Cantero. Afin de poursuivre le combat contre les antibiotiques inutiles, l’infectiologue et son équipe travaillent déjà sur le concept de l’année prochaine qui sera cette fois destiné aux élèves du secondaire. « Notre but est d’avoir une palette de supports traitant de cette thématique afin de toucher toute la population », conclut l’experte.