Ces dernières années, trois innovations ont marqué un tournant dans la prise en charge de la maladie.
La première concerne le diagnostic. L’asthme est une maladie respiratoire fréquente – elle touche 8% de la population adulte suisse –, mais aussi surdiagnostiquée. «Chez les adultes, jusqu’à 30% des cas pourraient ne pas relever d’un asthme», révèle le Dr Florian Charbonnier, médecin associé au Service de pneumologie. En cause : des diagnostics se fondant uniquement sur les symptômes. «Une toux persistante doublée d’un sifflement bronchique ne suffit pas à évaluer la présence d’asthme. Celle-ci doit être confirmée par un examen fonctionnel complémentaire. Aujourd’hui, une nouvelle approche repose sur la mesure de monoxyde d’azote dans l’air expiré. L’obtention d’une quantité élevée confirme à elle seule le diagnostic. Il s’agit d’un examen très simple à effectuer par le biais d’appareils d’évaluation de la capacité respiratoire plus accessibles encore que les classiques mesures de spirométrie», poursuit l’expert.
Deuxième évolution : fini le bronchodilatateur unique pour calmer les crises d’asthme, place désormais à un duo systématique associant bronchodilatateur et corticoïde inhalé. «Les bronchodilatateurs seuls soulagent les symptômes sur le court terme, mais ne traitent pas leur cause, à savoir l’excès d’inflammation dans les bronches», poursuit le pneumologue. Les nouveaux traitements offrent cette double action, tant pour un usage ponctuel que pour les traitements au long cours. La principale entrave à leur utilisation est la peur tenace de la cortisone au sein de la population. Or la prise sous forme inhalée s’accompagne d’une relative innocuité et n’expose pas aux mêmes effets secondaires qu’en cas de traitement oral (risque accru de prise de poids ou d’hypertension artérielle par exemple).
Quant à la troisième innovation, elle concerne l’asthme sévère, qui affecte jusqu’à 5% des personnes asthmatiques. Les exposant à des passages réguliers aux urgences, il impose bien souvent le recours à la cortisone par voie orale. «L’arrivée ces dernières années de traitements biologiques révolutionne cette prise en charge. Délivrés sous forme d’injections, ils agissent pour ”éteindre“ spécifiquement la cascade d’inflammation impliquée. Soumise à des critères stricts, cette nouvelle approche thérapeutique hautement personnalisée peut, selon les cas, donner des résultats positifs exceptionnels pouvant aller jusqu’à une rémission complète de la maladie», se réjouit le Dr Charbonnier.
Vent nouveau en pédiatrie
Et côté enfants ? Ces innovations soufflent un vent nouveau aussi en pédiatrie, mais avec des spécificités incontournables. «Chez les enfants, l’asthme, qui concerne 8 à 12% d’entre eux, est selon les cas autant surdiagnostiqué que sous-diagnostiqué. Ainsi, si environ un tiers des enfants présentent au moins un épisode sifflant avant l’âge de 4 ans, cela ne signifie pas qu’ils seront tous asthmatiques. Aujourd’hui, le diagnostic n’est officiellement posé qu’à l’âge scolaire, sur la base de critères diagnostiques cliniques et fonctionnels bien précis», indique la Dre Anne Mornand, médecin adjointe à l’Unité de pneumologie pédiatrique. Concernant le traitement, le recours à un bronchodilatateur de courte durée d’action n’est désormais recommandé que pour les enfants rarement symptomatiques (moins de deux épisodes par mois). Pour les autres, un traitement de fond par corticoïdes inhalés doit être envisagé. À noter que, comme chez les adultes, la combinaison associant corticoïde inhalé et bronchodilatateur de longue durée d’action (plutôt que par un bronchodilatateur seul) est de plus en plus souvent proposée aux enfants de plus de 12 ans.
La révolution des traitements biologiques
À ce jour, les preuves scientifiques manquent encore pour les plus jeunes. Une meilleure compréhension des mécanismes biologiques à l’œuvre dans les différentes formes de l’asthme a permis le développement de traitements biologiques désormais de plus en plus accessibles dès l’âge pédiatrique. «Ces derniers représentent une véritable révolution pour les 5% de jeunes patients et patientes souffrant d’un asthme très sévère. Des innovations restent à venir pour accroître encore le panel de traitement de l’asthme chez l’enfant, mais les progrès de ces dernières années n’en sont pas moins exceptionnels», conclut la pneumologue.
Dossier pneumologie : Nouveau souffle
Texte:
- Laetitia Grimaldi
Photos:
- Bogsch & Bacco