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Stabiliser les symptômes

Les traitements actuels visent à maintenir les fonctions cognitives et les activités quotidiennes.

« Aujourd’hui, il n’est pas possible de guérir la maladie d’Alzheimer. Les médicaments actuels ne font que ralentir son évolution. Ils ne sont pas en mesure de récupérer des fonctions perdues, mais visent à maintenir le plus longtemps possible celles restantes », relève d’entrée la Dre Dina Zekry, médecin adjointe au service de gériatrie. Comme on ne peut pas agir sur les deux lésions provoquées dans le cerveau par la maladie (plaques amyloïdes et dégénérescence de la protéine tau), l’approche est avant tout symptomatique et porte sur les formes légères ou modérées, et les formes sévères.

Dans le premier cas, les substances – il en existe trois sur le marché depuis 1997 – agissent sur l’acétylcholine. Cette hormone permet la transmission de l’influx nerveux entre les neurones et stimule les fonctions cognitives (mémoire, langage, attention, etc.). Chez les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer, la destruction des cellules nerveuses réduit la production de ce neurotransmetteur. « Les médicaments inhibent l’acétylcholinestérase, l’enzyme qui dégrade l’acétylcholine. Ils sont efficaces chez 40% des personnes et les bénéfices se notent surtout la première année, mais peuvent avoir des effets sur plusieurs années », souligne la Dre Zekri. Et d’insister sur l’objectif recherché: « Stabiliser la cognition et maintenir les activités instrumentales de la vie quotidienne comme faire ses paiements, répondre au téléphone, utiliser les transports publics.» Ces traitements sont en général très bien tolérés, mais des effets indésirables tels que des nausées et vomissements, une diminution de la fréquence cardiaque ou une incontinence urinaire peuvent survenir.

Deux pistes pour la recherche

Lorsque la maladie est à un stade sévère, l’approche thérapeutique cible le glutamate qui joue un rôle important dans les processus de mémorisation. Dans ce cas, un médicament disponible depuis 2004 agit contre la toxicité de ce neurotransmetteur. « Avec cette approche, on cherche à diminuer les troubles du comportement qui apparaissent avec l’avancement de la maladie (agitation, agressivité, apathie) et à conserver les activités quotidiennes de base comme manger, se laver ou se déplacer seul », note la spécialiste. D’importants efforts sont investis dans la recherche pour aboutir à de nouveaux traitements (lire Les espoirs de la recherche). Objectif: freiner, voire faire disparaître les deux lésions du cerveau. Deux pistes sont explorées. Une première autour d’un vaccin thérapeutique qui, par l’injection d’anticorps, arriverait à détruire les plaques amyloïdes. Une seconde vise le changement de la protéine tau impliquée dans la mort des neurones.

Les traitements sont en général très bien tolérés.

Prise en charge double

Somadem. Cet acronyme contracte « somatique » et « démence » et donne son nom à une unité de l’Hôpital desTrois-Chêne unique en Suisse, voire en Europe. Créée en 2000, comptant 18 lits, elle accueille des patients souffrant en même temps d’un problème somatique aigu (pneumonie, déshydratation, insuffisance cardiaque, etc.) et de la maladie d’Alzheimer ou d’une autre forme de démence. « Les personnes atteintes de démence sont plus à risque de développer des troubles du comportement comme l’agitation, la confusion, l’agressivité, lors d’un problème aigu, dont il faut tenir compte pour qu’ils n’interfèrent pas avec les traitements somatiques. C’est en soignant les premiers aspects qu’on peut ensuite prendre en compte les seconds », relève la Dre Dina Zekri, médecin adjointe au service de gériatrie.

L’équipe multidisciplinaire est spécialement formée à cette prise en charge: évaluer la douleur en observant le visage et la gestuelle du patient, calmer l’ambiance, proposer des activités, etc. Un consultant de psychiatrie gériatrique voit systématiquement chaque patient. A la frontière de la psychiatrie et de la gériatrie, cette unité évite des transferts répétés entre les deux milieux et fait rimer liberté et sécurité avec des locaux spécialement aménagés.

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