Texte: 

  • André Koller

Photos: 

  • Julien Gregorio

Rôle clé des infirmières et des coordinatrices

La transplantation exige une logistique impressionnante orchestrée par un personnel soignant spécialisé et omniprésent.

Sans elles, rien n’est possible. Des premiers examens à l’opération et au-delà, en passant par l’organisation du prélèvement de l’organe, les infirmières et les coordinatrices de transplantation sont partout: au chevet du patient, devant les écrans de Swisstransplant ou sur le toit des HUG à l’atterrissage de l’hélicoptère parti chercher un organe à l’autre bout de la Suisse.

Le top du départ de cette machinerie complexe est donné par un médecin lorsqu’un patient est déclaré éligible pour une greffe. Première étape du processus: les examens de pré-transplantation. Ils nécessitent une semaine d’hospitalisation et varient, bien entendu, en fonction de l’intervention envisagée: minéralométrie osseuse, artériographie abdominale, etc. Est également prévue une consultation psychiatrique, voire addictologique pour une transplantation du foie.

Sur la liste

«C’est aussi une excellente occasion pour le patient de faire connaissance avec l’hôpital : les infirmières, les médecins, les installations, etc. Il peut en profiter aussi pour poser en toute confidentialité des questions intimes qui peuvent lui sembler gênantes», souligne Charline Couderc, responsable des soins au département de chirurgie.

Ensuite, en fonction des résultats des examens, le candidat à la greffe est inscrit sur la liste d’attente de Swisstransplant, l’organisation qui gère l’allocation des organes au niveau national. «Le rang dans la liste est déterminé par l’urgence du cas, et non par l’ordre d’arrivée», précise Hélène Ara-Somohano, infirmière de coordination.

Commence alors l’attente. Elle peut être longue, et même pénible. Pour un rein, par exemple, le patient est soumis à une discipline stricte: dialyse, restriction hydrique et régime alimentaire. «C’est une phase difficile. Les patients ont besoin d’un soutien psychologique. Dans ce but, nous organisons des groupes de parole avec des anciens transplantés. Rien de mieux pour dissiper les angoisses que d’échanger avec des gens greffés qui peuvent témoigner de leur vie après l’opération», estime Charline Couderc.

Jour J

Et puis, souvent après des années de patience, voici le coup de fil tant attendu: il faut partir dans l’heure. A l’hôpital, les coordinatrices s’activent déjà depuis un moment: organisation du prélèvement de l’organe, du transport du patient – s’il n’est pas à Genève –, des examens médicaux préopératoires et du départ au bloc. «C’est une orchestration minutieuse. Le receveur doit être prêt quand le greffon arrive», souligne Ara-Somohano.

Dès cet instant, l’implication des infirmières de transplantation monte en puissance. Elles préparent la personne – pose d’une voie veineuse –, réalisent le bilan sanguin et divers tests, administrent certains médicaments et, après l’opération, assurent le suivi aux soins intensifs. «Puis vient l’enseignement thérapeutique. Le greffé apprend à gérer ses médicaments, les éventuels effets secondaires et le suivi clinique à long terme. Bref, il doit devenir autonome. En fait, commence pour lui, l’apprentissage d’une nouvelle vie», note Juliette Magnenat.

Les futurs transplantés peuvent échanger dans des groupes de parole avec des patients qui vivent avec l’organe d’un autre.

Une vocation

Hélène Ara-Somohano n’est pas venue à la coordination de transplantation par hasard: «Je travaillais aux soins intensifs. Une jeune maman est décédée d’un anévrisme. J’étais effondrée. Puis cette patiente est devenue donneuse. Elle a donné la vie à d’autres. Sa disparition m’a semblé moins absurde. Et moi, j’avais trouvé ma vocation: coordinatrice. Ce métier exige une disponibilité extrême. Mais je ne me vois plus faire autre chose.»

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