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Une course contre la montre

En phase aiguë de l’AVC, dès que le scanner a livré ses réponses, tout devient une affaire de temps.

En phase aiguë de l’accident vasculaire cérébral (AVC), deux millions de neurones sont détruits par minute. Dès que l’alerte est donnée par le 144, les neurologues sont engagés dans une implacable course contre la montre. Mission: stopper le compte à rebours fatal. 

Première étape, déterminer le type d’AVC: ischémique ou hémorragique. « Si un caillot de sang – un thrombus – bouche une artère, il est ischémique (80% des cas). Dans cette situation, le traitement consiste à dissoudre le caillot – la thrombolyse – ou à le retirer au moyen d’un cathéter – la thrombectomie. Dans certains cas, on peut associer les deux. Si une artère se rompt, l’AVC est hémorragique. Dans ce cas, on donne des médicaments pour faire baisser la tension artérielle. Il peut arriver aussi qu’un neurochirurgien intervienne pour évacuer l’hématome », explique le Dr Emmanuel Carrera, médecin adjoint agrégé au service de neurologie.

Seul moyen pour établir un diagnostic: le scanner ou l'IRM. Il est réalisé en dix minutes. Si l’AVC est ischémique, le patient passe encore un angioscanner afin de localiser avec précision la position du caillot. Quand l’imagerie a livré ses réponses, tout devient une affaire de temps. Moins de 4h30 après les premiers symptômes, le patient peut recevoir une thrombolyse et, si nécessaire, thrombectomie. Entre 4h30 et 8h après, seule la thrombectomie présente encore un rapport coût/bénéfice favorable au patient.

Au-delà de 8h, les dommages infligés aux régions du cerveau touchées sont irréversibles. Aucun traitement de phase aiguë ne peut plus être administré. C’est, hélas, le cas pour plus de 80% des admissions. Le patient est alors transféré en soins intermédiaires pour une surveillance minutieuse. Il y commence déjà sa rééducation, poursuivie ensuite à l’Hôpital Beau-Séjour (lire Après un AVC, se donner toutes les chances). 

Une révolution

Avant la thrombectomie, la médecine était impuissante après quatre heures et demie déjà. « Développée notamment dans le service de neuroradiologie des HUG, cette technique associée à la thrombolyse améliore de manière significative le pronostic à long terme des patients souffrant d’AVC ischémique. Un patient sur quatre ayant reçu ce traitement présente en effet des séquelles moins lourdes et une meilleure autonomie dans la vie quotidienne. C’est un progrès majeur. Pour les patients, bien évidemment. Mais aussi pour la société, en termes économiques », souligne le Dr Carrera.

Et l’avenir ? Comme partout, il est à la médecine personnalisée. Les barèmes cliniques appliqués aux urgences ne sont que des moyennes statistiques. En clair, certains individus, dans des circonstances précises, pourraient bénéficier d’une thrombolyse après les 4h30 fatidiques ou d’une thrombectomie après le couperet des 8h.

Mais pour repérer ces cas, le diagnostic doit être affiné. Le scanner à perfusion constitue l’un des axes de recherche menée par le service de neuroradiologie et l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne. L’idée est de coupler l’imagerie médicale à l’intelligence artificielle. Objectif ? Créer un logiciel « apprenant » qui, après analyse de milliers d’images, serait capable d’établir des fenêtres temporelles de traitement personnalisées. Un autre moyen d’y parvenir et un autre axe de recherche sont les biomarqueurs, une technique développée par le Pr Jean-Charles Sanchez, de la Faculté de médecine de Genève.

IRM

Le diagnostic de l’AVC passe par un scanner ou une IRM.

Centre romand

Les HUG sont un centre national – Stroke center – de l’AVC. Cela signifie qu’ils disposent 24h/24 d’équipements, d’infrastructures et de compétences professionnelles pour prendre en charge les AVC. Ils constituent, avec le CHUV, le maillon romand du réseau national mis sur pied par la Confédération. Un dispositif permettant à chacun, où qu’il habite, d’être pris en charge de manière optimale dans les meilleurs délais.

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